La colère de Sircophène

Sircophène s'était étendu sur une branche d'arbre massive près du sol, le bras gauche devant sa figure pour se cacher du soleil qui lançait des éclats orangeâtres un peu partout. Son souffle lui venait par petits coups qu'il avait de la difficulté à faire. Il était tout en sueur et commença, après quelques temps, à trembler. Il se redressa alors d'un coup, comme pris par un choc électrique et lança un cri de bête, ses cros bien en vue... Il était totalement hors de lui et ne pouvait rester en place!

Quelques pas, lents mais sûrs, retentirent alors aux oreilles de l'Ulin, qui tourna la tête d'un mouvement rapide pour apercevoir Narcissa Valentine qui s'approchait lentement de lui, la main sur la garde de son épée, le visage aussi impassible qu'à l'habitude. S'arrêtant à quelques mètres du professeur, elle lui parla alors de sa voix monotone habituelle.

-Ils commencent déjà à prendre le dessus sur toi, à moins que tu ne sois comme ça depuis toujours. Si tu laisses tes émotions prendre le dessus comme tu le fais maintenant, tu deviendras leur marionnette ou pire, tu remplaceras Daïji. Thanaris te félicite de l'avoir tué, il dit qu'il aimerait que tu rentres à l'école pour qu'il puisse t'aider à te débarasser de la malédiction. Je te conseille d'accepter, ou alors je vais devoir te ramener de force : c'est beaucoup plus dangereux, pour toi et pour l'école, de te laisser vagabonder ici en attendant que la malédiction prenne possession de ton corps et de ton âme.

Après avoir vu que c'était Narcissa qui arriva, Sircophène détourna la tête et le regard. En effet, il avait toujours été très vite à sauter au cou de quelqu'un, mais pas envers Thanaris, jamais... Quand elle dit qu'elle allait l'amener de force, la tête de l'Ulin se retourna très rapidement vers son interlocutrice et il plissa les yeux en émettant un sifflement gutural de chat.

"Il ne me félicitait pas plus tôt et je ne deviendrai JAMAIS un daédrique! Je suis trop fier pour apartenir à une secte aussi maladive que celle là! Je n'ai donc pas besoin de votre cure!"

Oui, la malédiction agissait, car Sircophène ne se contrôlait pas, mais il était trop orgueilleux pour l'admettre. Normalement, il aurait accepté avec grand empressement de venir aux côtés de Thanaris pour n'importe quelle raison, mais il sembla, sans savoir pourquoi, maintenant commencer à détester le directeur adjoint... Il se releva alors d'un bond grâcieux de la branche pour faire face à la mercenaire et la regarder de la tête aux pieds avec dédain.

Narcissa ne cessa de fixer le professeur d'un air menaçant, comme si elle avait devant elle un ennemi juré, puis dégaina lentement son épée du fourreau qui était accroché à sa taille. D'une main, elle fit quelques mouvements circulaires avec son sabre ondulé aux reflets argentés.

-Après tout, tu ne pourras pas dire que je t'ai pas averti. Par contre, comme je connais Thanaris, il voudrait que je te laisse une seconde chance. Je te laisse l'honneur de me porter le premier coup si tu décides de te battre. Ensuite, je riposterai.

Sircophène sentit alors un énorme mal de tête survenir et lui fit perdre tous ses sens. Il tomba au sol et, même avec ses sens développés de félins, il tomba à plat ventre dans la poussière... Ce qui n'était jamais au grand jamais arrivé à l'Ulin! Il gronda puis essaya de se relever, mais il tituba. Il saignait du nez et n'était pas du tout capable de se relever seul.

"J'en ai assez de ces petits jeux! Amène moi à Thanaris et vite avant que je me décide de poursuivre personnellement les Daédriques et d'en faire une gaffe!"

Sa voix était anormalement rauque et il se sentait attiré par un appel quelconque, qui mêlait tous ses sens et l'empêchait de bouger correctement. Il comptait maintenant sur Thanaris pour le sauver... Et sur Narcissa pour l'emmener à Thanaris!

Narcissa rangea son épée alors qu'elle s'approcha de l'Ulin, mais garda sa main sur sa garde, au cas où. Sans aider le professeur à se relever, elle s'adressa à lui en le regardant de haut.

-Thanaris est gravement blessé en ce moment, dit-elle. Je doute qu'il puisse faire quoi que ce soit pour toi, vu son état, surtout qu'il était déjà très faible avant le combat. J'ai cru comprendre qu'il voulait que je m'occupe de toi moi-même, puisque, de toute façon, il n'en sait pas plus que moi sur les daédriques et sur leur malédiction. Je sais seulement que la meilleure chose à faire est de se tenir le plus loin possible d'eux si vous ne voulez pas devenir leur nouveau pion.

"Vous savez donc rien faire espèce de bande d'idiots!"

Il se releva d'un coup et prit Narcissa par le collet, dans un excès de rage non familier à lui. Narcissa eût le réflexe rapide de mettre son épée sous la gorge du professeur en même temps qu'il l'aggripa. Ils restèrent ainsi, l'Ulin haletant, se battant contre l'urge de tuer cette femme et de se sauver dans la forêt. Il la relâcha brusquement et se dirigea d'un pas lent vers l'école, sans savoir comment réagir face à ses nouvelles explosions de rage.